LIMOUSE

1937

© E. Pineau
portrait limouse

« Tant d’années merveilleuses ont jalonné l’histoire de la Société Baudelaire ! Combien en ai-je côtoyé de gentilshommes après avoir découvert peu après la Grande Guerre, ce cénacle baudelairien à Saint-Germain-des-Prés. De Paul Bourget à Gilbert Lely, combien en ai-je entendu de fervents contributeurs au Dictionnaire de la Société Baudelaire débattre de leurs thèmes de prédilection dans une langue décantée, coulant comme un fleuve majestueux, charriant des mots qui sublimisaient tout sur leur passage ? Et combien de combats avons-nous menés depuis 1925, combats littéraires, artistiques mais aussi juridiques, dans l’espoir de réhabiliter notre poète censuré, et ce près d’un quart de siècle avant que la requête de la Société des Gens de Lettres n’ait été introduite ?

Quant aux « réhabilitateurs » de 1949, ils furent révoltants de tartufferie. Ils s’étaient bien gardés d’aborder le débat explosif sur la liberté d’expression de l’écrivain et sur les limites que la justice du Second Empire avait assignées à cette liberté. Nous, à la Société Baudelaire, on osait s’exprimer sur ces sujets hautement controversés, notamment pour amener Jules Jeanneney, l’éminent juriste et président du Sénat, à embrasser notre cause vers la fin de l’année 1936 ou au début de 1937. Grâce à ce fin lettré qui déploya un courage intellectuel peu commun, nous avons conduit nos baudelairiens à la victoire, concédant à notre poète une réhabilitation morale, à défaut d’annulation pure et simple du jugement de 1857.

Qui se souvient aujourd’hui de cette victoire décisive que fut l’entrée du buste de Baudelaire dans le jardin du Luxembourg en 1941 ? Certes, la bien modeste plaquette de notre charmant poète René-Albert Fleury en relata quelques étapes. Mais il eût fallu l’enquête fouillée d’un historien chevronné pour suivre le cheminement de l’action concertée de nos baudelairiens. Une action d’envergure qui ouvrit la voie au ralliement du Sénat alors que les sénateurs regardaient la réhabilitation morale de Baudelaire comme une bravade lancée contre l’autorité judiciaire. »

Catulle Mendès

Le premier président de la Société Baudelaire, de 1872 à 1903, Catulle Mendès (à droite), ami de Baudelaire et éditeur des Nouvelles Fleurs du Mal avec Henri Barbusse, son gendre, qui en 1916, succéda au comte Henri du Pont-de-Gault-Saussine à la présidence d'honneur de la Société.

Victor-Emile Michelet par Limouse

Victor-Emile Michelet (1861-1938) par Limouse. Conservateur du Musée des Fleurs du Mal, géré par la Société Baudelaire de 1902 à 1913, Michelet présenta Limouse aux proches de Barbey d’Aurevilly.

La plaque commémorant le centenaire Baudelaire

La plaque commémorant le centenaire de la naissance du poète, apposée rue Hautefeuille en avril 1921, à l’initiative de la Société Baudelaire, au terme d’une vive contestation avec le Préfet de la Seine.

Première page de la rédaction initiale

Première page de la rédaction initiale de la demande en révision du procès des Fleurs du Mal, déposée par la Société Baudelaire* le 22 février 1925, après s'être acquittée des formalités juridiques nécessaires pour intenter son action. * L'empreinte que la Société Baudelaire imprima dans l'histoire est décrite sur https://www.societe-baudelaire.com.

Lettre de Mme Blanche Dutertre

Lettre de Mme Blanche Dutertre, née Bertrand, petite-nièce de Baudelaire et dernière de sa lignée, âgée, infirme, tombée dans l’indigence, qui, en novembre 1927, bénéficia d'une indemnité littéraire accordée par le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, sur la demande de la Société Baudelaire.

Limouse et Buste Baudelaire

Le président de la Société Baudelaire, Limouse, désignant la maquette du buste de Baudelaire façonnée par Fix-Masseau qui fut exposée au Musée des Fleurs du Mal pendant les cinq années de tractations avec le Sénat précédant l'installation de la sculpture au jardin du Luxembourg en 1941.

© Eric Pineau
Lettre senat dr labrousse

Précision apportée par le Questeur du Sénat à Louis Vauxcelles, deuxième président du Comité directeur de la Société Baudelaire de 1903 à 1940, confirmant les implications financières de l’installation du buste de Baudelaire au Luxembourg.